Plans Nationaux d’Actions
LES PNA
Bref historique
La connaissance et l’expertise développée sur la gestion des habitats pendant le LIFE « Conservation du Phragmite aquatique en Bretagne 2004-2009 » (Le Nevé et Bargain, 2009) ont été reprises à l’échelle de la France au travers du Plan National d’Actions I en faveur du Phragmite aquatique (2010-2014) et par tous les acteurs participants à sa mise en œuvre. La mise en place de ce PNA était également une réponse à la signature par la France (en 2010) du Mémorandum d’entente international (de 2003) et donc sa participation effective au Plan International d’Actions en faveur du Phragmite aquatique établi en 2008 (Flade et Lachmann, 2008).
La stratégie pour la durée de ce premier PNA (2010-2014) s’est déclinée en trois principaux objectifs :
>> Augmenter la surface des habitats du Phragmite aquatique sur les haltes migratoires,
>> Améliorer la connaissance du fonctionnement de la migration en France,
>> Participer à la conservation globale de l’espèce.
Le PNA II (2021-2030) est en cours de validation. L’enjeu de ce Plan National d’Actions II est d’agir sur une espèce uniquement en transit dans notre pays et dont les causes de déclin sont disséminées sur son aire de répartition mondiale. Les leviers à la portée des acteurs sur le territoire national ne peuvent donc à eux seuls résoudre toutes les menaces.
Ainsi, une baisse globale des effectifs ne signifie pas nécessairement que les actions menées en France ne portent pas de résultats. L’évaluation de la réussite du plan ne passe pas uniquement par la situation de la population, mais par l’état du réseau des haltes et la participation de la France à l’échelle globale dans le Plan International d’Actions.
Objectifs et enjeux - PNA II (2021-2030) En cours de validation
Le Phragmite aquatique est une espèce des zones humides et des estuaires. Son aire de nidification originelle se calquait sur les zones de tourbières marécageuses de l’Europe. Ces zones en eau, très riche en nourriture, où son adaptation intermédiaire entre le déplacement par la marche des fauvettes du genre Locustella et par le vol des fauvettes du genre Acrocephalus lui a permis d’utiliser des niches écologiques peu utilisées par d’autres espèces (Tanneberger et al. in Tanneberger et Kubacka, 2018).
Afin d’identifier les principaux sites, une première présentation des données en cumulant les captures (meilleure détection de l’espèce) de 2000 à 2019, montre que les zones principales pour le Phragmite aquatique en migration post-nuptiale sont les zones estuariennes. Cette approche imparfaite, car elle ne tient pas compte de la répétition dans le temps et de l’effort de capture, donne tout de même une bonne vision des sites importants pour l’espèce en cohérence avec de la connaissance à dire d’expert. Une analyse plus fine à l’échelle de la France doit être faite, comme prévu à l’axe A.
Des zones importantes existent également dans le nord de la France (notamment le marais Audomarois, le Cap et marais d’Opale et la baie de Somme), le long de la vallée de la Loire, en Basse-Normandie, dans le Finistère et jusque dans le Pays Basques.
L’analyse des données de capture-marquage-recapture (Jiguet et al., 2011) montre que la quasi-totalité des jeunes de l’année transite par les zones humides françaises pour rejoindre leur quartier d’hivernage en Afrique de l’Ouest.
En migration pré-nuptiales, l’espèce semble moins utiliser les sites en France. Il est possible aussi qu’elle soit moins détectée et/ou passe plus rapidement, l’impératif biologique étant de rejoindre les zones de nidifications le plus rapidement possible. Des questions demeurent à ce sujet, qui font partie des objectifs de ce nouveau PNA.
Axes de travail du PNA II (2021-2030) En cours de validation
A – Gérer de manière adaptée la végétation sur les haltes migratoires (titre provisoire)
Gérer de manière adaptée la végétation sur les haltes migratoires. L’utilisation de la cartographie des habitats du Phragmite aquatique est l’outil de base pour la mise en œuvre des actions de gestion. L’objectif est un maintien, voire une augmentation des surfaces d’habitats d’alimentation, en lien avec l’évaluation de la quantité de ressources dans ces habitats. Il convient de s’assurer que le maintien soit a minima sur les sites les plus importants et que ce résultat perdure dans le temps. L’espèce doit être prise en compte dans les enjeux des documents de gestion des sites et les modes de gestion doivent être adaptées à ces besoins.
B – Intégrer les objectifs du Plan International d’Actions (PIA) dans la stratégie nationale
Sur les territoires de migration, les objectifs du PIA visent le maintien des habitats sur les haltes migratoires (pris en compte dans l’axe A) ; ainsi que la participation à la connaissance de la dynamique de la population au travers d’un indicateur indirect du succès de la reproduction, par la détermination de l’âge-ratio dans les captures sur les sites de halte migratoire post-nuptiale.
La stratégie nationale doit également soutenir la préservation de l’espèce sur les zones de nidifications comme d’hivernage.
C – Diffuser, partager et coordonner les connaissances et les actions de conservation
Les données acquises doivent être valorisées afin d’évaluer et d’améliorer l’efficacité des mesures de conservation. De plus, ces résultats doivent être diffuser et partager au sein du réseau Phragmite aquatique et des décideurs, aussi bien au niveau national qu’international.