Que s’est-il passé depuis la dernière année de migration ?

Sans être exhaustif, nous pouvons parler de projets qui se développent et de bonnes nouvelles.

Comme pour d’autres PNAs, le PNA en faveur du Phragmite aquatique a bénéficié pour son développement des aides financières ouvertes avec les Fonds Verts. Parmi les projets mis en place, un stage a débuté en collaboration avec BioSphère Environnement :  » Stratégies de migration du Phragmite aquatique Acrocephalus paludicola sur le territoire français lors de sa migration post-nuptiale ». Julie Noualhier, en M2 à l’Université de Poitiers, a commencé son stage à Mortagnes-sur-Gironde avec Raphaël Musseau, pour étudier la condition corporelle des individus sur les stations de baguage, les variations de masse et la cinétique d’engraissement. Des analyses sur les données de baguage ont déjà été faites à des échelles locales ou régionales. Cette fois, c’est tout le jeu de données du CRBPO qui est mobilisé.

Nous avons également de bonnes nouvelles en terme de mobilisation à l’échelle nationale. La DREAL de Nouvelle Aquitaine a mis en place une déclinaison régionale du PNA. En 2024, elle a confié l’animation de cette déclinaison à BioSphère Environnement. Un premier COPIL a été organisé au printemps 2024 pour rassembler et mobiliser les acteurs de la conservation de cette espèce et de ses habitats en Nouvelle-Aquitaine.

En avril, nous avons pu organiser un premier CoTech avec les acteurs du pourtour méditerranéen, grâce à l’aide de Nathalie Barré CEN Occitanie/Pôle Relais Lagune Méditerranéen, Clara Rondeau d’ADENA et la Tour du Valat, porteur du Pôle Relais Lagune Méditerranéen. Cette zone est plus particulièrement concernée par la migration pré-nuptiale, période sur laquelle nous avons le moins d’information en France. L’action 3 du PNA  « Approfondir la connaissance et gérer favorablement les habitats du Phragmite aquatique sur les sites de migration pré-nuptiale » concerne justement spécifiquement cette question. Cette première réunion interrégionale a pu rassembler les personnes clés pour travailler en Méditerranée. Grâce au travail déjà réalisé sur les roselières d’Occitanie de l’ADENA, le réseau des gestionnaires d’au moins une partie des sites intéressants a pu être associé à ce CoTech.

Pour terminer, signalons le travail débuté par les animateurs régionaux du PNA en faveur du Phragmite aquatique : sur le site Internet du PNA, une page est maintenant dédiée à chaque région. Elles doivent encore se développer, ce n’est que le démarrage ! Elles ont vocation à être l’outil d’échange entres la animateurs régionaux et leurs partenaires locaux. Merci aux animateurs régionaux : Lucie Rousseaux du CEN Hauts de France, Jean-Marc Savigny du GONm (Groupe Ornithologique Normand), Lucile Knoepffler de la LPO 44 (pour la région Pays de la Loire) et Raphaël Musseau de BioSphère Environnement (pour la région Nouvelle Aquitaine).

 

 

Le suivi de la migration 2024

Le Phragmite aquatique entame sa migration de ses zones de reproduction de l’est de l’Europe (Biélorussie, Ukraine, Pologne et Lituanie) pour rejoindre ses quartiers d’hivernage en Afrique de l’Ouest. Il transite en France entre le 15 juillet et le 15 octobre. A cette période, il a besoin de zones humides, avec les habitats support de ses espèces proies d’arthropodes, pour refaire ses réserves de graisse.

 

Pour la onzième année consécutive, le PNA en faveur du Phragmite aquatique propose un outil de « visualisation » de ce passage en migration. Le suivi de la migration se fait quasi exclusivement grâce à l’étude par le baguage. Cette méthode est mise en place par les bagueurs bénévoles du CRBPO/MNHN. De manière volontaire, les bagueurs peuvent renseigner la page du site Internet du PNA consacrée au suivi de la migration, que vous pouvez trouver ici. Pour le moment, nous sommes restés sur le modèle et les fonctionnalités proposés en 2023. On espère de nouvelles fonctionnalités en 2025. N’hésitez pas à donner votre avis ici.

 

Où en est la migration ?

A l’heure de ce post, la migration a déjà commencé ! La première information vient du site de Donges, station de baguage tenue par l’association ACROLA. Le 26 juillet, ils ont capturé leur premier Phragmite aquatique : un contrôle, individu capturé juvénile en 2023 sur le site de Donges ! Contrôler un oiseau qui a survécu à sa première migration et première reproduction et qui est fidèle une fois adulte à son site de migration, est un chouette moment pour les bagueurs du site, qui eux aussi sont là, d’années en années J.

Donges et Trunvel ont ouverts le 20 juillet, les autres stations comme le marais de Guines, Terre d’Oiseaux, le marais de Kervijen (déjà un jeune de capturer), l’estuaire de la Seine… ouvrent chacune à leur tour.

 

Du nouveau pour cette saison de migration ?

Dans le cadre du PNA, l’action 1 concerne le développement d’outils de diagnostic des sites d’escale : il est nécessaire d’avoir plusieurs indicateurs pour valider le fait que ces sites soient des haltes migratoires au sens de zones d’engraissement. Pour cela, plusieurs éléments sont en cours de développement Ils concernent l’analyse des données à l’échelle de l’espèce et des individus ; des outils d’analyse des ressources alimentaires ; des outils de suivis des habitats.

Concernant les ressources alimentaires, la première étape est une actualisation de la connaissance des espèces proies grâce aux innovations technologiques : nous avons lancé pour la saison 2024 une campagne synchronisée du nord au sud de la France de récolte de fientes au moment du baguage, pour déterminer les proies ingérées par la méthode de l’ADNe. Pour aider à la compréhension des spécificités du régime alimentaire du Phragmite aquatique, les mêmes analyses, sur les mêmes sites vont également être faites sur la Rousserolle effarvatte et le Phragmite des joncs. Ce travail repose (encore J) sur la participation des bagueurs du CRBPO ; et avec la participation de Johan Michaux de l’Université de Liège et Cédric Alonso, entomologiste.