L’effort de suivi de la migration des passereaux paludicoles par le baguage s’est largement accru sur le territoire français depuis les années 2000. Les possibilités de documentation des stratégies de migration du Phragmite aquatique au cours de sa migration post-nuptiale reposent quasiment exclusivement sur le travail du réseau des bagueurs du CRBPO. En 2008, un thème de recherche spécifique (thème ACROLA) a été mis en place dans le cadre du PNRO animé par le CRBPO. Le travail des bagueurs assuré dans le cadre de ce thème a largement profité au premier Plan National d’Actions (PNA I) en faveur de l’espèce, animé sur la période 2010 – 2014. Les données produites grâce à l’effort des bagueurs à en particulier permis d’identifier les grands sites d’escale migratoire de l’espèce, ainsi que les typologies d’habitat qu’elle exploite au cours de cette période.

Le second PNA en faveur de l’espèce, (PNA II), animé pour la période 2022 – 2031, vise dans sa partie connaissannce, à appréhender de manière fine les stratégies et conditions de migration de l’espèce sur l’ensemble du territoire français : existe-t-il des stratégies différentes en fonction de l’âge des individus ? Quelles sont les secteurs géographiques et habitats les plus favorables à l’engraissement de l’espèce? La condition corporelle des individus est-elle homogène sur l’ensemble des sites de haltes exploités par les oiseaux ? Comment cette variable influence leur cinétique d’engraissement ?

Dans ce cadre, de février à aout 2024, Julie Noualhier, de l’Université de Poitiers, a réalisé son stage de seconde année de master mention « Génie Ecologique » sur le thème « Stratégies d’engraissement du Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) en France au cours de la migration post-nuptiale ». Ce stage, qui a mobilisé l’ensemble des données de capture et de recapture de Phragmites aquatiques du territoire français, a été co-encadré par Raphaël Musseau (BioSphère Environnement) et Christine Blaize (Bretagne Vivante : structure animatrice du PNA en faveur de l’espèce), avec la collaboration de Christian Kerbiriou du CESCO et Romain Lorrillière du CRBPO. Ce travail a en particulier permis de montrer : (1) que la condition corporelle des Phragmites aquatiques sur les sites de haltes migratoire est emprunte d’une forte hétérogénéité spatio-temporelle ; (2) que la stratégie d’engraissement des individus est influencée par la condition corporelle et la latitude, avec un engraissement croissant du nord vers sud de la France, potentiellement lié à un gradient de la distribution des ressources trophiques exploitées par l’espèce.

Vous pouvez découvrir ici, le travail de Julie Noualhier. Ce mémoire sera suivi d’une publication soumise à une revue scientifique internationale à comité de lecture à laquelle, conformément au règlement intérieur du CRBPO, l’ensemble des bagueurs ayant contribué à plus de 10% des données utilisées dans le cadre de ce travail seront associés.